Priver, crier, réprimander, taper, ou encore isoler, chaque parent à sa propre méthode pour punir son enfant face à une désobéissance ou un caprice. Mais quelque soit la méthode choisie, le but recherché est de limiter ou éviter la reproduction d’une conduite inappropriée.
Mais est-ce que cela fonctionne à tous les coups? Est-ce que le fait de punir votre enfant change vraiment son comportement?
Si oui ? Vous êtes-vous demandé pourquoi des fois vous punissez votre enfant pour une mauvaise conduite mais il la répète quand même un autre jour? Pire, vous vous dites ok, s’il l’a reprise c’est parce que la première punition n’était pas sévère! Vous décidez donc d’appliquer cette fois-ci une punition plus sévère. Mais à votre grande surprise il continue toujours d’adopter ce mauvais comportement n’est-ce pas?
La vérité est que la punition à elle seule n’est pas vraiment efficace pour éliminer un comportement que vous souhaiteriez que l’enfant arrête ou pour développer un comportement que vous aimeriez qu’il adopte.
Des recherches ont prouvé qu’en réalité la punition aide à stopper un comportement inapproprié au moment même de l’action mais pas vraiment au delà. Elle ne garantit pas que l’enfant ne reproduira pas la conduite inappropriée dans le futur. En d’autres termes elle permet de gagner la bataille mais pas vraiment la guerre.
En plus de ne pas être toujours efficace, la punition a des effets secondaires négatifs qui sont malheureusement peu connus des parents:
1. L’enfant évite la personne qui punit et non pas le comportement puni
Contrairement à ce l’on pense, la punition fait que l’enfant évite la personne qui punit et non pas le comportement puni. En fait, il évite la source et généralement pas la cause. Par exemple lorsque vous punissez votre enfant parce qu’il a manqué de respect à sa sœur ou s’est moqué d’elle pendant le dîner, cela ne l’empêchera pas de lui manquer de respect lorsque vous serez au bureau ou lorsqu’ils seront à l’école.
Un autre exemple pour mieux comprendre cette vérité est la conduite. Bien qu’on connaisse le code de la route ainsi que les sanctions et amendes en cas de son non respect, il nous arrive parfois de le violé volontairement ou involontairement. On le viole en dépassant la vitesse limite autorisée, en ne mettant pas la ceinture de sécurité, en grillant les feux, ou encore en parlant au téléphone. Mais dès qu’on voit un policier ou des radars, on devient subitement l’élève parfait: la ceinture de sécurité est mise, le téléphone raccroché, la vitesse réduite etc. Pourquoi? Parce qu’on risque d’être puni par le policier pour non respect du code de la route. Ce qui veut dire qu’on évite le policier qui punit et non pas le pourquoi il nous punit.
2. La punition apprend à l’enfant qu’il doit prochainement mentir:
La punition apprend à l’enfant qu’il ne doit pas refaire le comportement puni. Mais elle l’apprend aussi qu’il doit désormais mentir, se cacher ou tout simplement accuser une autre personne pour une faute qu’il a commise ou un comportement inapproprié. Ça le pousse donc à implémenter la stratégie ‘’pas vu, pas pris’’. Par exemple vous punissez votre enfant parce qu’il a cassé involontairement un verre. Si demain gâte volontairement son cartable, ou casse une chaise, il va soit mentir et dire que ce n’est pas lui, ou tout simplement accuser sa sœur de peur qu’il ne soit puni de nouveau.
3. La punition apprend à l’enfant ce qu’il ne faut pas faire et non pas ce qu’il faut faire:
La punition apprend à l’enfant le comportement qu’il doit arrêter et non pas le comportement qu’on aimerait qu’il adopte. Par exemple vous voulez que votre enfant soit modeste et abandonne son arrogance. Ce n’est pas en le frappant parce qu’il a été arrogant envers un supérieur que vous l’apprendrez à être modeste. Le mieux serait que vous lui expliquiez c’est quoi la modestie, pourquoi c’est bien d’être modeste mais aussi le féliciter lorsqu’il fait des actes modestes.
4. Augmenter l’intensité ou la durée d’une punition ne la rend pas plus efficace:
On a tendance à penser que si l’enfant a toujours le même comportement qu’on a toujours voulu changer, c’est parce qu’on ne le punit pas assez, ou la punition n’était pas sévère. Infliger donc une punition plus sévère à l’enfant peut paraître comme étant la solution idéale. Mais est-ce vraiment efficace? Les recherches ont montré qu’augmenter l’intensité d’une punition ne la rend pas plus efficace. Au contraire l’enfant se rebelle et devient insensible aux menaces d’être puni. Il refait donc la bêtise juste pour vous énerver, ou parce qu’il n’a plus peur d’être puni.
Je parie qu’actuellement vous vous dites ok, on a compris toutes ces vérités! Mais si la punition n’est pas toujours efficace pourquoi alors on continue toujours à l’utiliser? Ou comme la punition ne garantit pas que l’enfant ne reproduira pas la conduite inappropriée, devrais-je alors accepter tous ses caprices sans le punir?
Concernant la première question, il faut savoir que deux principales raisons expliquent pourquoi les parents continuent toujours à punir leur enfant. La première est qu’ils ont l’impression que punir est vraiment efficace puisque l’enfant arrête sur le coup le mauvais comportement, alors qu’en réalité il continu toujours à adopter le même comportement puni à leur insu. La seconde raison est que punir est une méthode très ancrée dans nos manières de faire. On a été puni par nos parents qui ont été eux-mêmes punis par leurs parents et eux-mêmes par leurs parents, ainsi de suite. Punir devient donc normal et naturel pour nous en cas de désobéissance.
Concernant la deuxième question, la réponse est non! Vous êtes tout à fait libre de punir votre enfant. Des fois c’est même nécessaire de le faire surtout lorsqu’il fait des choses qui peuvent mettre sa vie en danger. Des choses telles que jouer avec le feu, traverser la route, etc. Cependant il ne faut pas punir juste pour punir. Il est important de savoir que le choix de la punition mais aussi comment il est implémenté jouent un grand rôle dans sa réussite ou son inefficacité.